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Les Chroniques de Mel
28 août 2015

Une Education libertine de Jean Baptiste del Amo

education_libertine

L’histoire : Vers 1760, Gaspard a quitté sa vie étriquée de fils de fermier breton pour gagner Paris, avide d’une existence plus consistante. Trouver sa place dans la capitale n’est pas chose facile et il va vite se retrouver bercé de désillusions.

Si, globalement, l’histoire et les personnages peuvent captiver, la langue de l’auteur est un obstacle de taille pour apprécier pleinement ce livre. Jean-Baptiste Del Amo déploie un vocabulaire varié et tourne superbement ses phrases mais son style devient rapidement contrariant car il ne cesse de détacher son lecteur du roman. Les pages sont tellement denses d’idées, de philosophie, d’introspection, etc. qu’il faut une importante dose de concentration pour comprendre une phrase sans avoir besoin de la relire plusieurs fois. Et puis un tel étalage de vocabulaire pour exprimer la saleté et la puanteur de Paris finit par lasser. L’auteur donne parfois l’impression de s’adresser à des demeurés. Je ne pense pas que c’est intentionnel de sa part mais à force de le voir décliner toute la page des synonymes pour dire « excréments », c’est ce que j’ai fini par ressentir. Je veux bien que la volonté soit de décrire l’atmosphère d’une ville anarchique, puante et archaïque mais pas besoin de s’étaler sur des dizaines de pages pour le faire.

Cela dit, suivre le parcours du personnage de Gaspard est passionnant. Ce jeune homme arrive à Paris sans un sou en poche mais avec un rêve d’ascension sociale. Au gré de ses rencontres, il se construit en oubliant ce qu’il a été. Profondément sociopathe, Gaspard n’inspire pas vraiment la sympathie, ce qui n’est pas dérangeant puisque j’ai passé l’âge des héros trop parfaits et insipides. Cependant, le lecteur a besoin d’éprouver un minimum d’empathie pour avoir envie de découvrir son évolution. Le point de vue étant majoritairement interne, c’est à travers ses yeux que l’on découvre les autres protagonistes et l’immense mépris qui l’anime déteint sur le lecteur. J’avoue que ce genre de chose me déplaît assez de la part d’un auteur parce que ça n’encourage pas à finir le livre. Gaspard devient un être désagréable, antipathique, vain et arriviste. Mon intérêt s’est réveillé lorsqu’Etienne de V. apparaît mais il transforme le jeune héros en épave pathétique. Une Education libertine semble être une succession d’images péjoratives. La ville idyllique pue la merde, sa population est bête et crasseuse quel que soit son statut social, le personnage central est un petit con d’arriviste…

Cette lecture fut donc laborieuse et bizarrement ponctuée de moments captivants. J’ai aimé l’idée mais pas la « réalisation » parce que le ton m’a paru un peu élitiste et pompeux. La plupart du temps, je lis dans les transports et le soir mais entre le fond sonore d’un train et la fatigue de fin de journée, impossible d’avaler plus de dix pages aux phrases capillotractées (tirées par les cheveux).

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Commentaires
L
Ce livre n'est donc sans doute pas pour moi, malgré ce beau billet. <br /> <br /> Au passage, je suis ravi de n'être pas le seul à utiliser le mot "capillotracté" :)
Répondre
Les Chroniques de Mel
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